73

L’inspecteur Pendergast regardait avec des yeux terrorises l’etrange fumee qui l’enveloppait d’une brume compacte lorsqu’il sentit le sol de la cabine s’incliner sous ses pieds. Simultanement, une longue vibration traversa tout le Britannia, signe qu’un evenement terrible venait de se produire. Il tomba a la renverse, bascula par-dessus un fauteuil et s’affala contre les rayonnages d’une bibliotheque. Le bateau continuait a s’enfoncer sur le cote et les premiers signes concrets du desastre lui parvinrent : des cris, des hurlements et des bruits divers, ponctues par les coups de boutoir des vagues le long de la coque. Une rangee de livres tomba en pluie sur sa tete tandis que la cabine se retrouvait dans un angle absurde.

Pendergast s’obligea a oublier provisoirement tout ce qui l’entourait pour ne plus penser qu’a la chose. A l’interieur du nuage de brouillard se debattait une creature effrayante dont les yeux rougeoyants, le sourire carnassier et les griffes avides laissaient peu de doute sur son desir de l’avaler.

Dans le bouillonnement de sa pensee, il comprit tout de suite a quoi il avait affaire, qui avait cree ce monstre et pourquoi. Il sut aussi qu’il allait devoir se battre non pas tant pour sa survie que pour celle de son ame et il se prepara mentalement a affronter un adversaire impitoyable qui anesthesiait ses sens avec son odeur omnipresente de moisi, de cave humide, d’insectes gluants et de corps en decomposition.

Pendergast voulut se rassurer en se retranchant derriere l’indifference qu’il devait a sa contemplation de l’Agozyen. Il s’attendait si peu a se retrouver entre les griffes de la chose qu’il n’avait pas eu le temps de s’y preparer, mais il savait pouvoir puiser dans les incroyables ressources mentales offertes par le mandata pour sortir victorieux du combat qui l’attendait. Un bapteme du feu, en quelque sorte.

La chose tentait de s’immiscer a l’interieur de son etre en lui vrillant les sens de son desir aveuglant et il decida de faire le vide dans sa tete. Il ne devait laisser aucune prise a son adversaire. A la vitesse de l’eclair, il commenca par atteindre l’etat de than shin gha, le Seuil du vide parfait, avant de parvenir au stong pa nyid, l’Etat du vide absolu, decide a ne laisser a la chose qu’une coquille vide lorsqu’elle penetrerait dans son crane.

Il sentit confusement la chose parcourir lentement son cerveau dont elle scrutait les recoins de ses yeux flamboyants. Elle se debattit vainement, a la recherche d’un point d’ancrage, tel un animal en train de couler au fond d’un ocean sans fin, deja vaincue.

La chose cessa de se debattre et, au moment ou Pendergast s’y attendait le moins, elle planta ses crocs dans son esprit.

Une douleur fulgurante le traversa de part en part et il lui fallut repondre du tac au tac. Le mieux etait encore de combattre le feu par le feu, eriger une barriere mentale d’impassibilite face a l’adversaire, se proteger derriere une enceinte de pensee pure, aussi assourdissante qu’infranchissable.

Il fit remonter du vide une nuee de philosophes dont il invoqua la pensee en les faisant dialoguer les uns avec les autres, Parmenide et Descartes, Heraclite et Kant, Socrate et Nietzsche. Des milliers d’arguments contradictoires jaillirent de tous les cotes a la fois, des discussions enflammees sur la nature et la conscience, la liberte et la raison pure, la verite et la numerologie, qui dessinaient d’un horizon a l’autre une muraille impenetrable. Osant a peine respirer, sa volonte tendue a craquer, Pendergast n’entendait laisser aucune prise a l’ennemi.

Une onde parcourut le brouhaha des dialogues, a la facon d’une goutte de pluie a la surface des eaux noires d’un etang. En se propageant, l’onde faisait taire les conversations les unes apres les autres et un trou silencieux se forma, aussi dense que l’oeil d’un cyclone, a l’interieur duquel le fantome de fumee se glissa lentement.

Instantanement, Pendergast fit taire les philosophes et les chassa de son esprit, puis il se purgea une nouvelle fois de toute pensee consciente. L’approche rationnelle n’ayant pas fonctionne, peut-etre une demarche plus abstraite donnerait-elle de meilleurs resultats.

En un eclair, il disposa dans sa tete les plus beaux tableaux de l’art occidental et les arrangea chronologiquement, jusqu’a tapisser toute la surface de son etre conscient, veillant a faire apparaitre chaque couleur, chaque coup de pinceau, chaque symbole, chaque sens cache et chaque allegorie. Maesta de Duccio, La Naissance de Venus de Botticelli, la Trinite de Masaccio, l’Adoration des mages de Fabiano, Les Epoux Arnolfini de Van Eyck se materialiserent l’un apres l’autre sur l’ensemble du perimetre de son paysage mental, noyant dans leur beaute jusqu’a la plus petite tentation de pensee independante. Sans s’accorder une seconde de repit, il poursuivit sa course picturale a travers le temps jusqu’aux maitres contemporains, Rousseau, Kandinsky et Marin, puis il reprit depuis le debut en faisant defiler les chefs-d’oeuvre de plus en plus vite jusqu’a ce que formes et couleurs ne degagent plus qu’une masse floue et indistincte, sans que se trouve affectee pour autant la complexite de chaque tableau.

Ne laisser aucune prise au demon, jamais…

Le carrousel de couleurs trembla, puis il se mit a fondre alors que la forme trapue du tulpa s’introduisait dans le kaleidoscope des oeuvres avant de les avaler une a une.

Pendergast vit la chose s’approcher, petrifie comme la souris face au cobra, et c’est au prix d’un effort surhumain qu’il parvint cette fois a liberer son esprit. Son coeur battait nettement plus vite a present, fouette par l’avidite avec laquelle la chose guignait son ame. Le desir innommable du fantome de fumee irradiait sa proie telle une onde de chaleur et Pendergast sentit un vent de panique se lever sur le pourtour de sa conscience.

Le tulpa disposait d’une force infiniment plus grande qu’il ne l’avait imaginee. Quiconque n’aurait pas possede une armure mentale aussi solide que la sienne aurait succombe depuis longtemps.

La chose se rapprochait ineluctablement. Au bord du desespoir, Pendergast decida de reinvestir le royaume de la logique absolue et fit surgir un torrent de formules mathematiques a travers le champ de bataille de sa pensee. Cette fois encore, le tulpa se joua de l’obstacle avec une rapidite deconcertante en exposant son invincibilite…

Soudain, Pendergast vit apparaitre dans toute son horrible verite le peril qu’il affrontait. Non contente de s’attaquer a son esprit, la chose s’en prenait a lui physiquement. Ses muscles etaient secoues de spasmes incontrolables, ses doigts s’ouvraient et se refermaient, son coeur battait peniblement. Cette possession absolue de son etre etait aussi atroce que terrifiante et il lui etait de plus en plus difficile de nier l’existence de son corps, condition indispensable a son maintien dans l’etat de stongpa nyid Il sentit le tulpa prendre insidieusement le controle de ses membres et l’effort necessaire a l’oubli de son etre physique devenait insupportable.

Bientot, toute resistance se revela impossible. Les defenses savamment erigees contre l’ennemi, les feintes et les stratagemes devinrent inutiles et Pendergast ne pensa plus qu’a sa survie.

Alors lui apparut la vieille demeure familiale de Dauphine Street, ce palais de memoire qui lui avait toujours servi de refuge par le passe, et il s’y precipita avec l’energie du desespoir. Il traversa le jardin en un eclair, franchit d’un bond les marches du perron et penetra a l’interieur de la maison dans laquelle il se barricada en mettant chaines et verrou, le souffle court.

Il se retourna, s’appuya contre le battant et jeta autour de lui un regard eperdu. La maison de la Rochenoire etait plongee dans le silence et l’immobilite. Devant lui, a l’extremite d’un vestibule aux recoins sombres, il distingua le grand hall en arc de cercle avec ses precieuses collections de curiosites et l’escalier a double helice conduisant au premier etage. Sur le cote, enveloppee dans l’obscurite, la bibliotheque deployait ses milliers de volumes relies plein cuir sous un epais manteau de poussiere.

En temps normal, il aurait retrouve ce lieu familier avec un plaisir serein, mais a l’heure qu’il etait, seule l’habitait la peur millenaire de la proie face au chasseur.

Il traversa le vestibule a grands pas, s’obligeant a ne pas regarder par-dessus son epaule, et se precipita dans le grand hall, a la recherche d’une cachette sure.

Un courant d’air humide lui glaca le dos.

Ses yeux s’arreterent sur une porte en ogive au dessin a peine visible sur l’un des murs lambrisses. Elle s’ouvrait sur l’escalier de la cave par lequel on accedait aux souterrains et aux catacombes enfouis sous la vieille demeure. Il savait pouvoir trouver la des centaines de niches, de cryptes et de passages secrets dans lesquels il lui serait aise de se cacher.

Il s’appretait a ouvrir la porte lorsqu’une pensee l’arreta : l’idee de se refugier comme un rat dans un cul-de-basse-fosse lui parut soudain insupportable.

Au bord du desespoir, il se lanca en courant dans un petit couloir et franchit plusieurs portes avant d’arriver aux cuisines dont il fouilla les recoins, a la recherche d’un asile sur. En vain. Les poumons en feu, il se retourna. La chose etait la, tout pres, il sentait sur lui son haleine pestilentielle.

Sans perdre un instant, il retourna precipitamment dans le grand hall. Il s’immobilisa, enregistrant d’un seul coup d’oeil les cabinets de bois patine, le lustre etincelant, le plafond en trompe l’oeil. Un seul abri lui parut assez sur.

II se rua dans l’escalier, traversa en courant le palier du premier etage et s’engagea dans un long couloir. Parvenu devant une porte ouverte, il la franchit d’un bond et la claqua derriere lui en tournant la cle dans la serrure avant de mettre le verrou.

Il s’agissait de sa chambre. La vieille demeure avait beau avoir brule depuis longtemps, il s’etait toujours senti en securite dans cette piece, la mieux protegee de son palais de memoire, sachant que personne ne pourrait jamais l’investir, pas meme son frere Diogene.

Un feu dansait dans la cheminee, des chandelles gouttaient sur les consoles et une odeur de fumee boisee parfumait l’air. Il attendit, reprenant peu a peu sa respiration. Le simple fait de se trouver la, dans la lumiere chaude de l’atre, avait sur lui un effet apaisant. Son coeur commencait deja a battre moins vite. Comment croire qu’il meditait encore avec Constance quelques minutes auparavant, arme de pouvoirs mentaux decuples par l’Agozyen ? L’ironie de la situation avait un gout amer, mais il n’etait plus temps de s’en offusquer. Bientot, tres bientot, tout danger serait ecarte et il pourrait se retrouver pleinement. Il avait eu extremement peur, et a juste titre, car la chose avait bien failli s’introduire dans son psychisme apres avoir pris possession de son corps. Il s’en etait fallu de peu qu’il ne perde la vie, et avec elle ses souvenirs, ses pensees et son ame, tout ce qui faisait de lui un etre humain. Fort heureusement, jamais la chose ne parviendrait a s’introduire ici. Jamais, au grand jamais…

Il sursauta en sentant passer sur sa nuque un souffle humide et glace, accompagne de cette odeur immonde de terre mouillee et d’insectes grouillants.

Il se leva d’un bond en poussant un cri, La chose etait la, dans sa chambre, qui tendait vers lui ses volutes veneneuses, un rictus sur sa face grimacante rouge et noire, avec ses bras de fumee grise qui auraient pu lui sembler accueillants si ses horribles griffes crochues n’avaient pas trahi ses intentions abominables.

Pendergast tomba en arriere et la chose se rua sur lui, le violant de maniere atroce en s’introduisant dans la moelle de ses os pour mieux la sucer goulument. Horrifie, il decouvrit alors au plus profond de lui-meme une substance essentielle si bien cachee qu’il n’en avait jamais soupconne l’existence, une substance qui enflait, se tordait, se decomposait…

Avec un sentiment d’horreur indicible qui fit frissonner tout son corps, il comprit alors que tout espoir etait perdu.

Constance s’etait cramponnee aux rayonnages, paralysee par la peur, en voyant Pendergast allonge sur le sol du salon, parfaitement immobile, aureole d’une etrange vapeur grise. Le paquebot restait incline sur le flanc, les objets volaient dans tous les sens et la rumeur de la mer ne cessait d’enfler. Elle avait voulu l’aider a plusieurs reprises en lui tendant la main, mais l’inclinaison de la piece, les livres et les meubles qui valsaient autour d’elle l’avaient empechee de parvenir jusqu’a lui.

Sous ses yeux, la chose abominable qui avait enveloppe Pendergast dans son manteau de fumee commenca lentement a se dissoudre et elle reprit espoir, apres avoir longtemps cru que tout etait perdu : Pendergast avait remporte son combat contre le tulpa.

A son horreur, elle realisa brusquement que le tulpa, loin de se dissoudre, s’enfoncait au contraire dans le corps de Pendergast.

Les vetements de l’inspecteur ondulaient furieusement, comme si des milliers d’insectes lui grouillaient sur le corps. Ses bras et ses jambes se convulserent, son corps tout entier s’ebroua, penetre par une presence etrangere. Ses traits etaient secoues de spasmes et de tremblements. Il ouvrit brievement les yeux et elle vit distinctement dans son regard eteint un monde d’horreur et de desespoir d’une profondeur insondable.

Une presence etrangere…

Constance sut ce qu’il lui restait a faire.

Elle se releva, traversa le salon tant bien que mal, escalada les marches de l’escalier en depit de leur inclinaison impossible et penetra dans la chambre de Pendergast. Sans s’inquieter des mouvements desordonnes du bateau, elle fouilla les tiroirs l’un apres l’autre jusqu’a ce qu’elle trouve le Les Baer .45 de l’inspecteur. Elle s’en empara, s’assura qu’il etait charge et degagea le cran de surete.

Elle connaissait suffisamment Pendergast pour savoir ce qu’il aurait voulu. A defaut de pouvoir lui permettre de vivre, du moins pouvait-elle l’aider a mourir.

L’arme a la main, elle sortit de la piece et redescendit l’escalier curieusement incline en s’agrippant a la rampe.

[Aloysius Pendergast 08] Croisière maudite
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